AVIS D’EXPERT

#1 – Impact des Incertitudes du Marché sur le Private Equity

Les incertitudes économiques et les tensions commerciales actuelles ont entraîné une diminution significative des activités de private equity au premier trimestre 2025.

Diminution des Transactions :

• Les transactions de private equity aux États-Unis ont chuté de 22 % au premier trimestre 2025 par rapport à la même période en 2024, passant de 2 081 à 1 621 opérations.
• Les sorties (exits) ont également diminué de 44 %, passant de 578 à 323 sur la même période.

Incertitudes liées aux Tarifs Douaniers « Trump » :

• L’annonce de nouveaux tarifs par l’administration américaine a exacerbé les incertitudes du marché, affectant la confiance des investisseurs et des entreprises.
• Ces tensions ont conduit à une volatilité accrue des marchés financiers, compliquant la réalisation de nouvelles transactions.

Conséquences sur le cycle d’Investissement :

• Les écarts de valorisation entre acheteurs et vendeurs se sont creusés, rendant les négociations plus complexes.
• Les conditions de financement se sont durcies, augmentant le coût du capital pour les acquisitions.

Sources : S&P Global Market Intelligence, Reuter, the guardian
–

#2 – Répercussions sur les Stratégies de Sortie et de Levée de Fonds

Les conditions de marché défavorables ont prolongé les périodes de détention des investissements et compliqué les efforts de levée de nouveaux fonds.

Retards dans les Sorties :

• Les sorties d’investissements ont atteint leur niveau le plus bas en cinq ans, totalisant 392,48 milliards de dollars en 2024.
• Les périodes de détention moyennes se sont allongées à 6,1 ans, reflétant les difficultés à trouver des opportunités de sortie attractives.

Défis de Levée de Fonds :

• La collecte de fonds en private equity a diminué pour la troisième année consécutive, atteignant 680,04 milliards de dollars en 2024, soit une baisse de 30 % par rapport à l’année précédente.
• Les investisseurs institutionnels, confrontés à des contraintes de liquidité, se montrent plus sélectifs dans leurs engagements, privilégiant les gestionnaires de fonds ayant un historique de performance solide.

Adaptation des Stratégies :

• Face à ces défis, certains fonds explorent des stratégies alternatives telles que les ventes secondaires, les fonds de continuation et les recapitalisations pour offrir de la liquidité à leurs investisseurs.

Sources : S&P Global Market Intelligence
–

#3 – Évolution des Stratégies d’Investissement et de Création de Valeur

Les fonds de private equity adaptent leurs stratégies pour naviguer dans un environnement incertain, en mettant l’accent sur la création de valeur à long terme et l’intégration des technologies émergentes.

Focus sur l’Amélioration Opérationnelle :

• Accent accru sur l’optimisation des processus, la réduction des coûts et les initiatives de croissance des revenus au sein des entreprises en portefeuille.
• Intégration des principes ESG pour renforcer la durabilité et la responsabilité sociale des investissements.

Adoption des Technologies Avancées :

• Utilisation croissante de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique pour améliorer l’efficacité opérationnelle et identifier de nouvelles opportunités de marché.
• Mise en œuvre de la blockchain pour assurer une gestion transparente et sécurisée des investissements.

Diversification des Portefeuilles :

• Investissements dans des secteurs et des régions géographiques variés pour atténuer les risques liés aux tensions commerciales et aux fluctuations économiques.

Sources : FTI Consulting, Toxigon
–

#4 – Perspectives et Recommandations pour les Professionnels du Private Equity

Dans un contexte de volatilité accrue, les professionnels du private equity doivent adopter des approches stratégiques pour identifier et capitaliser sur les opportunités émergentes.

Renforcement de la Diligence Raisonnable :

• Conduire des analyses approfondies pour évaluer les risques financiers, opérationnels et réglementaires avant toute décision d’investissement.

Flexibilité et Agilité :

• Être prêt à ajuster rapidement les stratégies d’investissement en réponse aux évolutions du marché et aux nouvelles réalités économiques.

Engagement Proactif avec les Parties Prenantes :

• Maintenir des relations solides avec les investisseurs, les prêteurs et les partenaires stratégiques pour faciliter l’accès aux opportunités et aux ressources.

Intégration des Technologies Disruptives :

• Explorer et adopter des innovations technologiques pour améliorer les processus décisionnels, l’efficacité opérationnelle et la création de valeur.

Sources : FTI Consulting, Toxigon, The Guardian
–

UN PROJET ? UNE PROBLÉMATIQUE ?

Quel est l’état du marché du logiciel en France ?

Noël : «Le logiciel en France en 2022 représentait environ 20 milliards d’euros dont 25% était en mode SaaS. Avec une inflation estimée à 12% sur les prochaines années, ce qui fait peser un risque important sur le PnL des entreprises. »

Quels sont les enjeux spécifiques à la contractualisation de logiciel SaaS ?

Noël : « Au sein de Neobuy, nous avons mené une étude pour identifier quels étaient les 10 enjeux clés autour de la contractualisation du logiciel SaaS, et nous pouvons articuler ces enjeux clés autour de trois grands axes de réflexion qui sont :

1. Le besoin de l’utilisateur,
2. Les éléments non-identifiés par l’utilisateur,
3. Les éléments difficilement négociables mais à sécuriser. »

1. La transcription contractuelle du besoin

Noël : « Un contrat SaaS est compris de différents éléments. D’abord les éléments de base le nombre d’utilisateurs, le volume de stockage, mais aussi l’évolution de ces éléments de base au fil du temps, et la flexibilité nécessaire du contrat.

Il y a aussi les limitations de l’éditeur telles que le nombre d’environnements de tests. Il faut aussi décrire les niveaux de support. Et enfin, il est important d’annexer la description des composants du produit et de ce qu’il peut faire. »

2. La sécurisation des éléments non-identifiés par le demandeur

Noël : « L’acheteur joue un rôle clé dans la sécurisation des éléments non-identifiés par le demandeur tels que dans le cycle de vie du contrat les augmentations annuelles ou en fin de contrat, la gestion de la fin de vie du contrat pour pouvoir négocier une période de transition quel va être son coût, combien de temps elle va durer.

Ainsi que de préciser les mécanismes de restitution des données.

Comment on les récupère, qu’elles soient exploitables. Et enfin, il faut sécuriser tous les éléments de certification, de sécurité et l’application du règlement RGPD.

Avec notamment la localisation géographique des données sensibles et personnelles. »

3. Les points durs nécessitant une analyse de risque

Noël : « Certains éléments d’un contrat SaaS présentent des risques ou des incertitudes sans pour autant être aisément négociables par exemple les liens URL vers des politiques commerciales ou règlementaires qui peuvent évoluer. Il faut annexer les documents pointés par ces liens URL.

Vigilance également sur la liste des sous-traitants. L’acheteur a un rôle primordial ici pour exiger cette liste et prévoir une clause pour éventuellement sortir du contrat, si un sous-traitant ne convenait pas.

L’acheteur a ici un devoir d’information, un devoir de conseil qui permet de prendre une décision éclairée par rapport aux risques présentés »

Le mot de la fin ?

Noël : « Le logiciel SaaS est un marché complexe mené par les éditeurs et nécessitant une expertise pointue pour adresser ces enjeux. »

Un projet ? Une problématique ?

Noël Lajoie

Expert Achats chez Neobuy

Comment responsabiliser ses achats ?

Virginie : « De façon extrêmement simplifiée, un achat professionnel consiste à se poser deux questions : la question du « quoi », qu’est-ce que j’achète et « à combien » donc avec quel budget.

Pour responsabiliser ses achats, il faut se poser deux questions supplémentaires qui sont le « comment » je veux acheter et « à qui » auprès de quel panel fournisseur Sous le prisme du RSE.

Cela consiste à s’interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour augmenter son impact positif sur l’environnement et diminuer son impact négatif et comment intégrer des critères RSE dans ses choix fournisseurs, sans évidemment rogner sur sa compétitivité ou sa profitabilité, bien au contraire et pour cela on utilise la méthode dite du TCO. »

En quoi l’approche du TCO permet d’impacter positivement nos achats ?

Virginie : « Le TCO est un calcul des coûts qui se fait sur la totalité du cycle de vie du produit, de sa conception jusqu’à sa destruction, et donc son recyclage.

Cette approche, elle permet d’identifier les actions qui vont impacter durablement et positivement son environnement. Par exemple en privilégiant un achat local par rapport à une appro lointaine ou en modifiant son cahier des charges techniques et en changeant la matière qui va rentrer dans le cycle de fabrication du produit.

J’ai par exemple accompagné un client, qui est un acteur majeur de la grande distribution, qui s’est retrouvé face à une double problématique, à la fois de pénurie de transport et d’inflation des coûts de matière Avec ce client, on a travaillé sur deux plans d’actions.

Le premier qui a consisté à remplacer le plastique par du papier recyclé et le second qui a consisté à supprimer complètement une partie des emballages qui étaient utilisés.

Les avantages de ces actions qu’on a mené avec ce client, c’est qu’on a permis de réduire la production de plastique, deuxièmement de limiter les dépenses, puisqu’on a supprimé une partie des dépenses Troisièmement, on a supprimé l’exposition au risque d’inflation et d’approvisionnement et enfin, on a répondu à des attentes fortes des consommateurs finaux sur ces aspects de RSE. »

Donc le choix du fournisseur est clé dans cette nouvelle démarche d’achat responsable ?

Virginie : « Au-delà de la réglementation, et du respect de la législation qui existe déjà, il est important de s’assurer de la performance de nos fournisseurs sur des critères extra-financier.

Pour démultiplier l’impact vertueux de cette nouvelle façon d’acheter, plus responsable, le choix des partenaires fournisseurs est primordial Pour manager son panel fournisseurs, la Data a une importance cruciale.

Mais quelques éléments doivent être pris en compte Les données sont difficiles à trouver et à rassembler parce qu’elles sont multi sources et parce qu’il existe quelques contraintes légales pour y accéder.

Souvent elles sont peu ou mal exploitées c’est-à-dire qu’on a pas une lecture très claire des enseignements sur un format synthétique qui permet des comparaisons qui soient intelligentes et dynamiques. »

Comment dès lors réaliser un benchmark de fournisseurs véritablement pertinent ?

Guillaume : « Comme nous l’avons vu, il est difficile de rassembler des données pertinentes sur les fournisseurs, et les directions achat font face aujourd’hui à une problématique pour atteindre leurs objectifs ESG tout en s’accompagnant de partenaires performants.

C’est pour répondre d’ailleurs à ce besoin que nous avons développé notre propre outil de benchmark au travers du POC Analytics Factory Procurement.

Les experts Gradiant et Neobuy ont ainsi conjugué leurs expertises de la collecte et de la visualisation de la donnée avec leur expérience des achats et donc concrètement, nous avons développé en Python des scripts, nous permettant de collecter et de stocker des données alors des données de natures diverses : financières, ESG, de réputation.

Et ces données nous les avons croisé avec des informations récupérées à travers une étude des fournisseurs sous forme de questionnaire.

A partir de ces données, nous avons conçu un tableau de bord au format Power BI qui nous a permis de comparer une sélection de fournisseurs grâce à un visuel à la fois clair et synthétique.

Cette comparaison associe des éléments quantitatifs hiérarchisables avec des données un peu plus fines qui sont obtenues à l’aide de techniques de NLP.

Par exemple le Word Cloud ou l’analyse de sentiment qui permettent de donner une vision à 360° de notre panel de fournisseurs. »

Quels vont-être les avantages de cette innovation pour la direction des achats ?

Guillaume : « Grâce à une approche ciblée en TCO et à un outil simple d’exploitation de la Data, on pourra augmenter significativement la performance des achats.

D’abord par une réduction significative de l’exposition aux risques de la supply-chain, par une sélection plus fine des nouveaux fournisseurs, ensuite par une performance accrue des partenaires fournisseurs existants avec qui nous partageons des objectifs ambitieux de responsabilité sociale et que nous appliquons dans nos objectifs stratégiques.

Côté client, nous pouvons accéder à un panel de clients de plus en plus exigeants sur les aspects RSE dans les appels d’offre. Et finalement, nous pouvons aussi consolider notre position auprès des consommateurs en répondant à leurs attentes qui sont de plus en plus fortes sur ces sujets Donc en définitive, ces éléments nous donnent un avantage compétitif et concurrentiel donc il serait vraiment dommage de se priver. »

Un projet ? Une problématique ?